LA SEMAINE DERNIÈRE, UN PARTENARIAT ENTRE FACEBOOK ET CERTAINS ÉDITEURS DE PRESSE A ÉTÉ ANNONCÉ. INSTANT ARTICLES, C’EST LE NOM DU NOUVEL OUTIL D’ÉDITION D’ARTICLES DE PRESSE DE FACEBOOK, QUI DEVIENT DONC OFFICIELLEMENT UN HÉBERGEUR DE CONTENUS MÉDIAS.
Ce n’est pas le premier réseau social à franchir le cap: deux ans avant Facebook, LinkedIn avait racheté l’éditeur de flux média Pulse afin de l’intégrer à son service. Il y a quelque mois c’était au tour de Snapchat de lancer Discover, sa nouvelle fonctionnalité d’édition de contenus de presse.
Comment ces plateformes ont-elles intégré ces nouvelles fonctionnalités et comment ces processus participent-ils à une mutation des médias sociaux? Voici quelques éléments de réponse.
INSTANT ARTICLES, ACTEUR D’UNE MUTATION
Le 13 mai, et après de longues négociations, Facebook a annoncé de manière officielle un partenariat avec des éditeurs de presse. Ce partenariat permettra donc à la plateforme sociale de diffuser des contenus de presse et des articles directement sur son interface. On peut légitimement se demander si cette nouveauté apporte une réelle valeur ajoutée, sachant que nous pouvions déjà suivre des médias traditionnels sur les réseaux sociaux et bénéficier d’articles via des liens partagés.
L’innovation se trouve dans la rapidité de chargement: ouvrir un article via un lien externe à Facebook prend environ 8 secondes, alors qu’il charge 10 fois plus vite via Instant Articles.
Les médias souhaitant participer à cet accord sont principalement américains (New York Times, BuzzFeed, National Geographic, The Atlantic, NBC News), mais il y a également quelques européens (The Guardian, BBC, Bild, Spiegel Online).
Pour en savoir un peu plus sur cette nouvelle fonctionnalité, vous pouvez consulter cette vidéo de présentation:
Introducing Instant ArticlesMake your articles load faster in News Feed and deliver a better reading experience for people on Facebook with Instant Articles.
Posted by Instant Articles on jeudi 14 mai 2015
SUR LES TRACES DE LINKEDIN ET SNAPCHAT
Facebook avait pourtant pris l’habitude d’innover mais ici, il n’est pas le premier à se lancer sur cette tendance. LinkedIn avait était pionnier en rachetant l’agrégateur de flux Pulse et en l’intégrant à son service d’actualités en avril 2013. Pulse avait été créé par deux étudiants dans le but de faciliter l’accès aux nouvelles sur mobile.
En rachetant cette plateforme, LinkedIn se dote d’un outil précieux pour les partages d’articles et pour la veille sur l’actualité du monde de l’entreprise, ce qui représente une réelle valeur ajoutée pour le public professionnel de ce réseau social.
Une valeur ajoutée qui n’est pas forcément aussi nette dans le cas de la nouvelle fonctionnalité de l’application Snapchat depuis janvier 2015: Discover.
https://www.youtube.com/watch?v=guGvV8LCx7o
Des médias comme CNN, MTV, National Geographic, Daily mail etc. ont signé un contrat leur permettant de publier dans leur espace dédié des “stories” renouvelées toutes les 24 heures.
Le principal problème de cette fonctionnalité réside dans le ciblage. Effectivement, lors de l’inscription sur Snapchat, aucune information n’est requise si ce n’est le numéro de téléphone, de ce fait, l’application n’est pas à même de proposer des “stories” en affinité avec l’utilisateur. Comme montré sur la vidéo ci-dessus, tous les médias et les sujets sont alors mélangés, ce qui diminue fortement l’intérêt de l’expérience utilisateur.
De plus, il semblerait que cette nouveauté de l’application Snapchat pourtant si populaire, présente quelques problèmes dans la navigation et l’utilisation trop importante de données internet. C’est ce que nous montrent en tout cas cet article et les notes de l’application sur Apple Store qui ont nettement baissées depuis la sortie de Discover.
MÉDIAS SOCIAUX VS MÉDIAS TRADITIONNELS
Ces nouvelles pratiques présentent certains avantages comme la multiplication remarquable de la visibilité d’un article. Par exemple, en postant un article via Instant Articles un média pourra espérer être potentiellement lu par 1,4 milliard d’internautes, selon le journal français Le Monde.
Cependant on peut s’interroger sur plusieurs points qui induisent des inconvénients notables pour les éditeurs de presse. Si les négociations entre les éditeurs de presse et les plateformes sociales ont été un peu longues, c’est parce que ces partenariats entraînent un forte baisse de la notion de “rebonds” et du revenu publicitaire sur les sites des médias.
En effet, si les internautes peuvent jouir d’une ouverture d’articles directement sur l’interface Facebook, et cela en une rapidité éclair, les sites médias vont voir leurs visites clairement amoindries. Aussi, une dépendance accrue aux réseaux sociaux est à prévoir pour les supports médias et ce facteur ne sera qu’accentué par un manque de contrôle sur toute une partie de la diffusion.
Si les médias sociaux offrent aux médias traditionnels l’opportunité de bénéficier d’un second souffle, on assiste tout de même à un éclatement des identités médias. C’est indéniable, si l’on prend l’exemple de Facebook: en seulement quelques années, le trombinoscope universitaire est devenu le deuxième moteur de recherche au monde, une plateforme de jeu, et désormais un média à part entière en diffusant le contenu de supports de presse. La frontière devient donc de plus en plus fine et l’on se demande alors quelle va être la prochaine étape de cette profonde mutation des médias.
Le monde des médias traditionnels, dans la course à l’information, présente une certaine saturation qui implique que l’Information ne peut se séparer de l’interaction. Médias sociaux et médias traditionnels sont contraints de coopérer.
Votre avis sur le rapport entre médias sociaux et médias traditionnels nous intéresse, n’hésitez pas à partager votre avis sur ce sujet dans la section commentaires!