Site web, réseaux sociaux, Adwords… Voilà des outils indispensables pour tout professionnel qui désire acquérir de la visibilité de façon efficace et accessible. Ceci dit, avocats prenez garde! Votre déontologie requiert une utilisation du webmarketing des plus rigoureuses qui ne laisse pas place à l’erreur.
Présente aux Grands Rendez-vous de la formation du Barreau du Québec 2017, aux côtés de AGC communications, l’équipe de Wink Strategies a assisté à l’atelier Médias sociaux 2.0.1.7, MC, sur les enjeux juridiques liés à l’utilisation du web par les avocats, présenté par l’avocat Stéphane Duranleau. Nous vous partageons ses 5 appels à la prudence que tout avocat responsable devrait suivre.
Sur le web, avocats redoublez de prudence!
L’utilisation des médias sociaux et des divers outils publicitaires sur le web doit respecter en tout temps le Code de déontologie. Ne vous laissez pas aveugler par la nature décontractée de ces nouveaux médias. Un faux pas peut vite conduire à une réprimande, une amende ou même jusqu’à la radiation.
Débusquez vos clients potentiels avec sagesse
Pour plusieurs professionnels, le web est un complément idéal à leur stratégie d’acquisition de nouveaux clients. Toutefois, pour un avocat, la chasse aux leads peut rapidement se transformer en sollicitation abusive et entrer en conflit avec l’article 8:
L’avocat qui offre ses services professionnels ne peut, par quelque moyen que ce soit, faire ou permettre que soit faite une représentation qui est fausse ou trompeuse, qui constitue de la coercition, de la contrainte ou du harcèlement ou qui vise à exploiter une personne vulnérable, notamment en raison de son âge ou de son état physique ou psychologique.
Me Stéphane Duranleau avance quelques exemples de tactiques marketing qui sont peut-être efficaces en vente, mais qui dépassent clairement les limites de l’éthique professionnelle.
- Faire des publicités sur les réseaux sociaux ou sur Adwords qui ciblent des individus se trouvant dans une situation vulnérable. Par exemple, une publicité qui vante les prouesses d’un avocat pour les recours d’indemnisation liés à une catastrophe naturelle qui cible des individus vivant dans une ville qui vient d’être dévastée par une tornade.
- Le contenu d’une publicité qui hâte la cible.Par exemple, une publication qui propose un honoraire à moindre coût si le rendez-vous est pris dans les 24 heures qui suivent l’annonce.
- L’utilisation d’une liste de contacts pour générer un ciblage similaire sur Facebook, Gmail ou sur le réseau display de Google dans le but de promouvoir un contenu publicitaire basé sur leurs vulnérabilités.
- La sollicitation directe pure et simple sur les réseaux sociaux avec vente directe de service à rabais.Par exemple, inviter des leads potentiels à devenir vos contacts LinkedIn, sans les connaître auparavant, ou suivre en masse les abonnés Twitter d’un compétiteur et proposer un service précis à prix ou taux réduit.
Maximisez votre visibilité sans fausse représentation
L’article 10 va comme suit:
L’avocat ne peut s’attribuer des qualités ou des habiletés particulières, notamment quant à son niveau de compétence ou à l’étendue ou à l’efficacité de ses services professionnels, que s’il est en mesure de les justifier. Il ne peut non plus attribuer des qualités ou des habiletés particulières quant au niveau de compétence ou quant à l’étendue ou l’efficacité des services des autres membres du Barreau ou des personnes avec qui il exerce sa profession au sein d’un cabinet, que s’il est en mesure de les justifier.
Cette règle si simple vient tout compliquer, notamment parce qu’elle entre en conflit avec des principes basiques du webmarketing. Il vous est ainsi déconseillé:
- D’afficher la liste de vos clients sur votre site web.Naturellement, vous ne mentionneriez que vos meilleurs clients, des procès gagnés. Cette sélection n’offrirait pas un aperçu neutre de vos capacités.
- D’écrire une méta-description trompeuse, pour votre site web.Par exemple: “Le meilleur avocat du Canada” ou “l’avocat qui vous fera gagner à tous les coups”!
- De partager un article écrit qui vante vos mérites d’avocat sur votre blogue d’entreprise ou sur vos réseaux sociaux de promotion du cabinet et de ses services.Cet article risque bien sûr d’offrir une vision biaisée de la qualité de votre travail. Si vos réseaux sociaux ou votre blogue sont habituellement utilisés à des fins promotionnelles, plus que personnelles, le partage d’un tel contenu peut s’enligner dans la définition d’une fausse représentation.
Appréciez la satisfaction de vos clients, mais n’en abusez pas!
Aux limites de la fausse représentation vient s’ancrer une autre règle, celle des témoignages d’appui, 145.
L’avocat ne peut, dans sa publicité, utiliser ou permettre que soit utilisé un témoignage d’appui ou de reconnaissance qui le concerne.
Imaginez si les avocats payaient des célébrités pour laisser des avis positifs sur leur page Facebook, ou si des cabinets instauraient des échanges d’avis positifs pour maximiser leur visibilité sur le web… Ce serait alors impossible pour les individus de faire un choix éclairé. Pour limiter l’utilisation abusive de témoignages et ainsi risquer d’entacher la dignité de leur profession, le code de déontologie des avocats, comme celui des professionnels de la santé, met en place cette règle.
Il vous est alors très déconseillé de partager l’avis de l’un de vos clients sur votre site web ou sur vos réseaux sociaux. Si un client vous laisse une recommandation sur votre page LinkedIn, il est dans aussi votre intérêt de demander à cette personne de la retirer.
Souvenez-vous que nul n’est censé ignorer la loi… même sur le web
Les outils du webmarketing et les nouvelles technologies ne cessent d’évoluer offrant toujours plus d’options, plus alléchantes les unes que les autres, aux professionnels pour booster leur notoriété et agrandir leur clientèle.
Toutefois, n’oubliez jamais que c’est votre responsabilité juridique et déontologique de vérifier que chaque tactique de votre stratégie de communication soit en règle. Ceci implique vos actions personnelles, mais aussi celles de votre équipe marketing. Il est ainsi impératif de vous assurer que votre gestionnaire de communautés, comme votre webmestre, soient au courant des particularités qui s’inscrivent dans votre déontologie professionnelle.
Ces cinq appels à la prudence ont suscité de grandes réflexions d’ordre éthique et technique pour les activités de webmarketing toujours plus intenses. Faites-nous savoir vos impressions dans les commentaires.